La vie à Villebon aux XI°, XII° et XIII° siècles (2)
Les plus nombreux, les moines Bénédictins ont développé leur présence en Hurepoix,
alors appelé Josas : en 1151 ceux de Longpont créent un prieuré à Orsay et acquièrent
l’église de Champlan, ceux de Saint-
Les seigneurs de Villebon familiers des rois
En 1131 tandis qu’Hugues de Villabona est témoin d’une donation de terres de Saclay
à l’hôpital Saint-
Gautier, puis son fils Lambert de Villebon, vivaient à Paris pour assumer leur office de grand Chambellan de France, chargés de la chambre du roi Phillipe II Auguste. Orson de Nemours, fils de Lambert, leur succède auprès de Philippe II puis en 1223 de Louis VIII le Lion, enfin de 1226 à 1233 auprès de Louis IX, et de sa mère Blanche de Castille. Son fils Pierre de Nemours sera évêque de Paris de 1208 à 1219. En 1234 Louis IX fait construire Saint Sulpice, une grande église pour les pèlerins à Favières (Essonne). En 1270 Lambert de Trie, seigneur de Villebon, accompagne pour la dernière croisade, Louis IX, qui meurt devant Tunis.
Les pèlerinages et les croisades
Tandis que les seigneurs villebonnais et leurs soldats accompagnent les rois en croisades,
les premiers pèlerins, des pauvres, souvent des femmes, au long des grands chemins,
se rendent à Rome, Limoges, St Jacques de Compostelle ou en Orient (Jérusalem). Le
pèlerin, costumé et couvert d’insignes, est un « personnage » respecté et accueilli.
La découverte sur le site de Villefeu d’une ampoule de pèlerinage et d’une monnaie
frappée à Saint Martial de Limoges, fin XII° ou XIII° siècle, laisse à penser que
Villefeu a été un lieu d’hébergement de ces voyageurs. En effet les moines de Saint
Martial furent les initiateurs d’un pèlerinage à Compostelle. Les Croisades et pèlerinages
transforment villes et campagnes où les habitants sont peut-
La Croisade des enfants
En 1212 une « croisade » de pauvres à laquelle se mêlèrent beaucoup de jeunes, vit
Allemands et Français se diriger vers la Terre sainte. Le cortège français, à l’appel
de l’adolescent Etienne, partit de Cloyes sur le Loir, au nord-
Un début de prospérité
Peu à peu les familles se développent et agrandissent leurs activités. En 1291, le villebonnais Jehan dit Roland de Glaise, fils de messire Jehan de Glaise, donne « pourpris et manoir » aux Religieux Chartreux de Saulx, et en 1298, le clerc Nicolas de Villebon fait partie du collège des chanoines de Saint Merry, à Linas. Ces deux exemples montrent que la vie s’améliore à la fin du XIII° siècle au point que des familles font fructifier, comme les seigneurs, leurs propriétés.
Pierre GÉRARD
Légende de la photo
monnaie trouvée à Villefeu en 1999 : denier d’argent, Avers : buste barbu de face, légende S MARTIAL, Revers : croix limousine cantonnée de huit annelets, légende X LEM(OVICE)NSIS – frappée à l’abbaye Saint Martial de Limoges, entre la fin XII° et la fin XIII° siècle
Les premiers Seigneurs de Villebon (7)
La vie à Villebon fin XIV° siècle, début XV° siècle (5)
Une trouvaille fortuite à Villefeu a relancé nos interrogations sur ce lieu décidément
très riche de signes d’occupation à des époques anciennes et encore entouré de mystères.
Lors d’un débroussaillage ont été ramassés diverses pièces de fer : clous, médailles,
balles, objets divers des deux siècles derniers, et une boule informe de plomb et
de terre. L’observation d’archéologues nous a « révélé » un objet rare : une « ampoule
de pèlerinage ». Hors les commerçants et les gens de guerre, les voyageurs des époques
médiévales se déplaçaient surtout pour accomplir un vœu, prenant la route à destination
d’un lieu de culte, comme nous l’avons vu pour les croisades dès le XI° siècle. Les
enseignes cultuelles ou profanes, ancêtres de nos médailles, existent depuis très
longtemps. L’ampoule, du latin « ampula », bouteille au col long et étroit, permettait
de garder le vin servant à l’autel, l’huile ou le saint chrème. Les ampoules-
L’enseigne de Villefeu comporte des particularités. Elle mesure 4,2 cm de longueur, 3,1 cm de largeur et 0,8 cm d’épaisseur. Comme les toutes premières ampoules elle a la forme de la « sainte ampoule », qui était utilisée pour « oindre » les rois de France à Reims dès Louis le pieux en 816 et fut détruite en 1793. C’est donc une petite fiole en plomb, constituée de deux parties accolées.
L’ampoule de Villefeu comporte deux anses, qui servaient à la suspendre au cou avec une chaînette. Elle contenait probablement un liquide (huile, eau) plutôt qu’une matière (terre, sable, poussière, rognure de statues…). Elle est très abîmée sur un côté qui comporte une scène difficile à interpréter.
Une étude approfondie, après un « microsablage » pour restauration dans un laboratoire spécialisé, nous a permis de confirmer nos premières explications.
Au recto, abîmé, un personnage debout sur une sorte de croissant, lève d’une main un filet quadrillé. Nous y reconnaissons l’apôtre Pierre dans une barque de pêche sur le lac de Tibériade, même quelques poissons sont figurés.
Au verso, une inscription, au centre d’un grand soleil aux rayons flamboyants, représente
un sigle religieux dit monogramme comportant les trois lettres IHS. Il signifie en
grec « Ièsos » (Jésus) : i-
Il s’agirait donc d’un objet de souvenir d’un pèlerin revenu d’un voyage à Rome.
Pour la dater nous n’avons pas de possibilité archéologique actuellement. Mais nous
pouvons penser que les premiers pèlerinages chrétiens du Moyen-
Pourquoi une ampoule de pèlerinage au milieu de l’enclos de Villefeu ?
Cette propriété des religieux de saint Eloi (Longjumeau) était peut-
Pierre GÉRARD
Atelier "Le Temps des cerises" de la MJC Boby-
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verso de l’ampoule de Villefeu recto de l'ampoule de Villefeu
recto de l’ampoule de Villefeu
monnaie trouvée à Villefeu en 1999 : denier d’argent,
Avers : buste barbu de face, légende S MARTIAL,
Revers : croix limousine cantonnée de huit annelets, légende X LEM(OVICE)NSIS –
frappée à l’abbaye Saint Martial de Limoges, entre la fin XII°
et la fin XIII° siècle
Un dessin présentant le roi Philippe VI de Valois et ses initiales PH
sur une ordonnance royale de 1338
La fin des premiers Seigneurs de Villebon
La vie à Villebon pendant la Guerre de cent ans (1337-
La Guerre de Cent ans… cent ans de guerre ? Non, cent ans d’insécurité et de violences
civiles, de batailles menées entre les trois puissances anglaise, française et bourguignonne,
pour la succession du roi de France. Villages et villes, particulièrement en Ile-
Les artistes d’alors évoquent guerre, famine et peste, les trois cavaliers de l’Apocalypse qui se relaient dans une danse Macabre (du nom d’un peintre).
Conflits armés doublés de maladies provoquent la crise : à Paris les derniers ouvriers vivants exigent des augmentations. Le roi Jean le bon légifère, en 1351 et 1354, pour un revenu maximum. Nos paysans sont attirés par la ville et leur départ déséquilibre les campagnes qui manquent de bras… Seigneur ou paysan, on est vieillard à 50 ans ; par manque d’hygiène ceux que la peste n’atteint pas meurent de simples maladies : rougeole, petite vérole, grippe, coqueluche, bronchite, pneumonie, congestion, typhoïde… A travers ces misères Villebon et Villefeu apparaissent, propriétés peu productives, qu’on s’échange.
Avant la guerre
La vie semblait paisible. Jehan, seigneur Villebon et son épouse Elizabeth, avaient
fait don de trois arpents en la prairie de Villiers aux religieux de Sainte Catherine,
en 1322. Le prieuré de Saint-
Pendant la Guerre
En 1356 Gautier de Villebon, participe à la bataille de Maupertuis avec le roi Jean II le Bon. En 1368 Regnaud, le dernier dit de Villebon, fait aveu à Marguerite de Voise pour un fief près de Saclay. La maison de Trie reprend le domaine avec Lohier de Trie, Seigneur de Villebon en 1381, puis Jacques de Trie en 1436. Les Villebon sont devenus des militaires : ainsi l’écuyer Pierre de Villebon, est en garnison de Melun, tandis que son frère Symonnet est au château de Palaiseau. Le premier est au service du roi, mais le second travaille pour le Duc de Bourgogne. En septembre 1417 Symonnet, prisonnier, est décapité lorsque Palaiseau change de main. Pierre intercède auprès du roi pour récupérer les biens de son frère, évitant la honte sur la famille, Pierre obtient gain de cause.
La première mention écrite de Villefeu construit et habité apparaît en 1353. Cette
année-
Pour la première fois nous avons des détails sur deux Villefeu(x). Le petit est détruit depuis peu, ce qui peut vouloir dire qu’il aurait subi ces dégâts au début de la Guerre de cent ans. Le grand est bien la demeure d’un propriétaire, qui la vend au seigneur d’un fief dépendant du seigneur d’Orsay. Enfin, le 16 mai 1403, Pierre de Mantrasse, rend foi et hommage au seigneur d’Orsay pour le fief et maison de Villefeux, clos de fossés, avec colombier, grange, bergerie et jardin.
Après la Guerre
Le 12 février 1459 Antoine de Vaire est seigneur du petit Villefeu. Il vend à deux frères, Jean Courbadon et Jean Grandin des lieux en non valeur. Le 15 février 1467 le même de Vaire vend le grand Villefeu à noble Guillaume de Gaunay, conseiller et avocat du roy en sa cour de parlement, rendant foi et hommage à Messire Arnoul Boucher, seigneur d’Orsay. Le 16 juin 1494, Jean Teuleu possède Villefeu et rend hommage à Jean et Adam Boucher, seigneurs d’Orsay. Le fief de Villefeu compte alors 159 arpents, soit environ 53 de nos hectares…
Le Hurepoix sort ravagé de la guerre de cent ans. Villebon, Saulx et Ballainvilliers sont presque entièrement dévastés et dépeuplés, l’église de Villejust ruinée, celle de Champlan en partie détruite.
Pierre GÉRARD
Atelier "Le Temps des cerises" de la MJC Boby-
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